la danse de la lune - allégorie
Vendredi 10/11/23 (atelier de Mariko). J’intègre après la lettre R. des remarques d’une amie.
Les tampons : j’imprime quelques figures sur du Canson : hippocampe (s), étoile, tortue, crabe, plus des poissons (je crois) que j’ai dissimulés ensuite sous la face lunaire. R . Les 4 tampons autour de la lune forment comme 4 points cardinaux, axes de repère.
J’étale entre ces impressions des couleurs vives d’acrylique, au hasard mais en suivant des courbes diversement orientées.
L’ensemble finit par éveiller en moi l’image d’une danseuse flamboyante et échevelée ; ça me rappelle un peu Chagall. Ayant caché (plutôt qu’effacé?), sans raison claire, les poissons avec du pastel blanc, j’ai obtenu une plage libre, dans le tiers supérieur de la feuille, qui me donne l’idée de représenter naïvement la face lunaire. D’où le titre « la danse de la lune » qui va m’inspirer un début de haïku. Auparavant, je représente au bas de la feuille un soleil couchant, une maisonnette et un végétal (tampon que j’ai oublié de signaler). Sur la même ligne d’horizon, l’empreinte préalable de la tortue en marche semble-t-il.
Le début du haïku, « Danse avec les nuages/Clin d’oeil au soleil couchant… », que j’espère finir, va me conduire à quelques ajouts : le clin d’oeil, les nuages, toujours en style naïf.
(Je reprends : le haïku vient de trouver son troisième vers d’une simplicité étonnante et qui invite le lecteur au bal cosmique :
Titre : La Lune…
Danse avec les nuages
Clin d’oeil au soleil couchant…
Danse avec la lune!)
Les tampons ont été utilisés, sans idée préconçue, mais en laissant une grande plage blanche centrale, - comme un appel secret à autre chose à advenir, sur les bords donc de la feuille (exception pour les poissons, mais qui devaient « disparaître » de la surface) avant la peinture exécutée elle aussi sans idée préconçue.
Ces figures m’ont semblé en relation avec des constellations :
- l’hippocampe (je ne sais pourquoi il y en a deux) m’a fait penser à la nébuleuse Tête de Cheval. R. il existe également une nébuleuse de l’hippocampe , moins spectaculaire et moins connue que celle de la tête de cheval; il est intéressant que ta création contienne 2 tampons dont l’un est estompé.
- l’étoile m’a posé problème (ce n’est pas en soi une constellation), mais le texte du Tableau enchanté (à paraître) s’est imposé à moi et m’a suggéré des modifications. J’ai corrigé en ce sens ce texte. Il ne s’agit pas de la Grande Ourse, mais de la Petite Ourse ; je produis des photos de ces constellations et les compare au dessin : c’est bien la Petite Ourse qui ici s’invite au bal représentée par son étoile la plus brillante (empreinte très grande sur le tampon qui porte douze points semblables) : Polaris, l’étoile polaire autour de laquelle tourne le ciel de notre hémisphère, à l’instar d’un manège cosmique…
- le crabe : le Cancer évidemment. « Cette constellation fut nommée Tortue par les Babyloniens, et même Scarabée par les Egyptiens. Les Grecs l’appelaient “La porte des hommes”, car selon eux, c’est par cette constellation que les âmes venaient prendre possession des corps à la naissance » (Futura).
Notre tortue a l’air de se diriger vers la maisonnette… R. La tortue est celle qui porte sa maison sur son dos, le soleil a l’air d’un dôme et la maison se dit “domus” en latin; le soleil va se coucher, la tortue rentre dans sa carapace pour dormir et les humains dorment dans leur maison.
Et bien sûr, on pense à la chanson de Charles Trenet : « Le soleil a rendez-vous avec la lune », mais si dans la chanson le rendez-vous n’a pas lieu, il est ici fugacement présent dans ce clin d’oeil câlin de l’astre des nuits à l’astre du jour.
Beaucoup de recherches mythologiques et astrales seraient à faire… Immense travail. Ce qui est le plus important pour moi est cet enchaînement de gestes sans but conscient, l’apparition du poème sur ce terreau de la rêverie, ce dialogue créateur d’une cohérence étrange entre conscient et inconscient… et la sensation d’une ouverture sans fin.