2.La mission confiée
La terre était dévastée, desséchée. Température caniculaire tout le temps. Le cycle de l’eau était interrompu ; subsistaient quelques étangs saumâtres chichement alimentés par les eaux rares des profondeurs. La végétation, à l’exception de rares arbres souffreteux, avait disparu, ainsi que les animaux. En fait, ceux-ci n’avaient pas vraiment disparu : ils avaient changé leur métabolisme pour s’adapter ; comme il n’y avait plus d’herbe, ni de graines, pour survivre les herbivores, les oiseaux et les insectes avaient adopté l’hibernation en des lieux bien dissimulés ; et comme il n’y avait plus d’herbivore en vue, ni quelque proie que ce soit, les carnivores se résolurent à hiberner jusqu’au retour improbable de jours meilleurs… Mais l’hibernation ne pouvait durer indéfiniment. Les animaux finiraient par mourir de faim à plus ou moins brève échéance. Oui, je sais, en principe, on hiberne en hiver comme le mot l’indique, en raison du froid rigoureux; mais dans ce cas, c’est en raison d’une chaleur excessive et constante ; le mot existe c’est l’estivation ; les deux sont des léthargies saisonnières, mais dans le temps dont je parle, il n’y a plus de saisons, mais une canicule constante. Aucun des deux mots ne convient . On gardera hibernation, plus connu. Les poissons, eux, s’étaient réfugiés dans les peu profonds abysses, seuls restes de l’océan.
Quant aux humains, il y avait belle lurette qu’ils avaient disparu de la planète dans une guerre totale et sans merci pour les maigres ressources qui s’épuisaient à une vitesse terrifiante. Quelques humains, plus prudents et plus intelligents, devaient subsister - on ne sait trop où. Et était-ce vrai ? C’est surtout la cruauté bestiale, brutale, de l’espèce et la folie de cette lutte fratricide qui se manifestaient, ainsi qu’en témoignent ces quelques corps fossilisés.