11.Les arbres carnivores
Le chevalier poursuivit donc sa quête, mais il rencontra bientôt des êtres inquiétants. C’était des arbres rescapés présentant un trou démesuré sur le tronc. Il s’approcha – car pourquoi avoir peur des arbres ? - mais précautionneusement, tant l’intriguait cette sorte de gueule béante. Il s’arrêta net en sentant qu’il était aspiré par ces trous.
- Approche, petit, n’aie pas peur, dit l’un d’eux d’un ton doucereux.
- Que voulez-vous ? Vous avez un aspect effrayant. Je vous préviens que je suis impropre à la consommation.
- Ah bon, firent les arbres déçus.
- N’avez-vous pas honte, s’exclama le chevalier ; Vous savez pourtant que les arbres ne sont pas carnivores, c’est contre nature !
- Nous le savons, répondirent-ils tout penauds, ce n’est pas de notre faute ; mais vu le changement climatique, il n’y a plus d’eau pour nos racines, plus de nutriments dans le sol et, pour survivre, nous avons dû changer notre régime alimentaire et nous nourrir des rares animaux passant à notre portée en les happant avec ce qu’il nous reste de force. Il y a d’ailleurs très longtemps que nous n’avons pas mangé. Où sont passés les animaux ? Notre camarade ici présent s’est abattu, de faiblesse, et est mort de faim, la gueule ouverte. Si ce n’est pas triste !
Et en effet, Le camarade, gisant à terre, était dans un bien triste état, mort dans l’attente d’une nourriture improbable…