langagedesarbres
Langage(s) des arbres
« La feuille est veuve de tout vent ;
Il suffit d’écouter et d’attendre comme elle.», (Sonate de J.Tardieu)
« La feuille est veuve de tout vent » et pourtant cette absence du vent qui endeuille la feuille est contredite par l’évocation de son souffle dans les sonorités (f-v-v-v) qui inscrivent dans l’éternité du vers un souvenir de la présence du vent. N’était la tonalité assez nihiliste de cette Sonate, on pourrait aussi y voir la suggestion d’un retour possible de cette présence, comme un aveu voilé d’un veuvage provisoire.
Cette formulation personnifiante – humanisante même, si adéquate et si belle, dit bien l’alliance du vent et du feuillage. Le vent se lève et, certes, on dit bien que les arbres murmurent… mais grâce au vent invisible, lequel trouve sa voix par les feuilles bruissantes. Pas de priorité ni d’origine exclusive dans ce langage… Soyons attentifs et nous entendrons même différents langages des arbres-vents partisans d’un certain polyglottisme.