La montagne et le fleuve
« J’avais le vertige de voir au-dessous de moi, en moi pourtant, comme si j’avais des lieues de hauteur, tant d’années etc. » (M. Proust, dernière page du Temps retrouvé)
On suit, à flanc, le sentier qui s’élève progressivement en lacets qui alternent la perspective : on perd de vue le petit village d’où l’on est parti, puis, au prochain virage, on le retrouve avec bonheur, de plus en plus miniaturisé, à la fois plus loin et plus près de nous. Ainsi peut-être le cours de la vie, ni ligne droite qui écartèle l’origine et la fin, ni boucle qui les confond, mais les deux : spirale ascendante et coïncidence décalée. Et à chacun son sommet…
On peut préférer cette allégorie de l’ascension active à celle, passive, du fleuve qui descend, oublieux de sa source, pour se perdre dans la saumure.