Égalité, équité et... discrimination négative ?

La loi de modernisation de l’élection présidentielle va faire prévaloir l’équité sur l’égalité des temps de parole des candidats en 2017.

Malgré une parenté étymologique, égalité (aequalitas) et équité (aequitas), ne sont pas synonymes. Si l’égalité est un concept formel, systématique, guère sujet à interprétation, l’équité en appelle à l’interprétation. Fondée sur les notions de juste et d’injuste, elle est une « notion de la justice naturelle dans l’appréciation de ce qui est dû à chacun » (Petit Robert). N’épiloguons pas sur le qualificatif de « naturelle », assez mal venu.
En l’occurrence, on va donner plus de temps de parole à ceux qui sont plus « représentatifs », soit on va favoriser… ceux qui sont déjà favorisés, ce qui ne relève pas de l’équité, mais bien de l’iniquité.
On se souvient de la « discrimination positive ». Celle-ci – on en pensera ce qu’on voudra – appartient au contexte social, vise à favoriser des personnes défavorisées et est conçue pour dynamiser les lois en faveur de l’égalité, lentes à produire de l’effet. Ici, en contexte politique, on applique la discrimination négative… si on peut dire.
Il n’y a pas à choisir entre ces deux notions (égalité et équité) . Il faut que celles-ci - qui doivent interagir, pour se soutenir, se corriger – soient conservées : car, on peut craindre en effet que, le principe d’équité étant ainsi bafoué, la pensée politique secondarise, voire fasse absorber le concept d’égalité par ce principe d’équité gravement dénaturé. Il se pourrait alors que se vérifie l’assertion de Coluche (via Orwell) : « tous les hommes sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres ».

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