Charité et solidarité
« […] la charité console, mais ne questionne pas :
- quand je donne à manger aux pauvres, on me traite de saint – déclare l’évêque brésilien Helder Camara. Et quand je demande pourquoi ils n’ont rien à manger, on me traite de communiste.
A la différence de la solidarité qui est horizontale et s’exerce d’égal à égal, la charité se pratique du haut vers le bas, humilie celui qui la reçoit et n’altère jamais un tant soit peu les relations de pouvoir : dans le meilleur des cas, il y aura un jour une justice, mais en haut au ciel. Ici sur terre, la charité ne perturbe pas l’injustice. Elle se propose seulement de la dissimuler. » (Eduardo Galeano, Sens dessus dessous, L’école du monde à l’envers, 2004, Homnisphères, coll. Imaginaires politiques, p. 309).
Complément : on peut pratiquer la charité occasionnellement et dans une sorte d’urgence, mais la charité comme principe de conduite, et son dérivé la compassion, n’est pas une vertu : au mieux elle dissimule l’injustice, au pire elle cautionne l’oppression qui engendre misère et malheur, car elle en a besoin pour s’exercer et faire valoir sa bonne conscience. La solidarité, vraie vertu humaine à dimension politique, crée des obligations entre égaux.